L’iſle1 de Hayti2, qui a deux cens3 lieues de long, ſur ſoixante, & quelquefois quatre-vingt4 de large, eſt coupée par le milieu5 dans toute ſa largeur de l’eſt à l’oueſt, par une chaîne de montagnes, la plupart eſcarpées qui en occupent le milieu. On la trouva partagée entre cinq nations fort nombreuſes qui vivoient en paix. [5]Elles avoient des rois nommés Caciques, abſolus, &7 fort aimés. Ces peuples étoient plus blancs que ceux des autres iſles8. Ils ſe peignoient le corps. Les hommes étoient abſolument nuds9. Les femmes portoient une ſorte de jupe de coton qui ne paſſoit pas le genouil10. Les filles étoient nues comme les hommes. Ils vivoient de mays11 de racines, de fruits & de coquillages. Sobres, légers, agiles, peu robuſtes, ils avoient de l’éloignement pour le travail : leurs beſoins ne leur en demandoient pas : &12 ils ne s’étoient pas fait des beſoins. Ils vivoient13 ſans inquiétudes14, & dans une douce indolence. Leur tems15 s’employoit à danſer, à jouer, à dormir. Ils montroient peu d’eſprit, à ce que diſent les Eſpagnols ; & en effet, des inſulaires ſéparés des autres peuples ne devoient avoir que peu de lumieres. Les ſociétés iſolées s’éclairent lentement, &16 difficilement : elles ne s’enrichiſſent d’aucune des découvertes que le tems17 & l’expérience font faire aux18 autres peuples. Le nombre des hazards19 qui menent à l’inſtruction eſt plus borné pour elles. | L’iſle1 de Hayti2, qui a deux cens3 lieues de long, ſur ſoixante, & quelquefois quatrevingts4 de large, eſt coupée dans toute ſa largeur de l’Eſt à l’Oueſt, par une chaîne de montagnes, la plupart eſcarpées, qui en occupent le milieu. On la trouve partagée entre cinq nations fort nombreuſes, qui vivoient en paix. Elles avoient des rois nommés caciques, d’autant plus6 abſolus, qu’ils étoient7 fort aimés. Ces peuples étoient plus blancs que ceux des autres iſles8. Ils ſe peignoient le corps. Les hommes étoient entierement nuds9. Les femmes portoient une ſorte de jupe de coton qui ne paſſoit pas le genou10. Les filles étoient nues comme les hommes. Ils vivoient de mays11, de racines, de fruits & de coquillages. Sobres, légers, agiles, peu robuſtes, ils avoient de l’éloignement pour le travail. Ils couloient leurs jours13 ſans inquiétude14 & dans une douce indolence. Leur tems15 s’employoit à danſer, à jouer, à dormir. Ils montroient peu d’eſprit, à ce que diſent les Eſpagnols ; & en effet, des inſulaires ſéparés des autres peuples, ne dévoient avoir que peu de lumières. Les ſociétés iſolées s’éclairent lentement [15] &16 difficilement ; elles ne s’enrichiſſent d’aucune des découvertes que le tems17 & l’expérience font naître chez les18 autres peuples. Le nombre des hazards19 qui menent à l’inſtruction eſt plus borné pour elles. | L’iſle1 de Hayti2, qui a deux cens3 lieues de long, ſur ſoixante, & quelquefois quatre-vingts4 de large, eſt coupée dans toute ſa largeur de l’Eſt à l’Oueſt, par une chaîne de montagnes, la plupart eſcarpées, qui en occupent le milieu. On la trouva partagée entre cinq nations fort nombreuſes qui vivoient en paix. Elles avoient des rois nommés [347]caciques, d’autant plus6 abſolus, qu’ils étoient7 fort aimés. Ces peuples étoient plus blancs que ceux des autres iſles8. Ils ſe peignoient le corps. Les hommes étoient entiérement nus9. Les femmes portoient une ſorte de jupe de coton qui ne paſſoit pas le genou10. Les filles étoient nues comme les hommes. Ils vivoient de maïs11, de racines, de fruits & de coquillages. Sobres, légers, agiles, peu robuſtes, ils avoient de l’éloignement pour le travail. Ils couloient leurs jours13 ſans inquiétude14 & dans une douce indolence. Leur tems15 s’employoit à danſer, à jouer, à dormir. Ils montroient peu d’eſprit, à ce que diſent les Eſpagnols ; & en effet, des inſulaires ſéparés des autres peuples, ne devoient avoir que peu de lumières. Les ſociétés iſolées s’éclairent lentement, difficilement ; elles ne s’enrichiſſent d’aucune des découvertes que le tems17 & l’expérience font naître chez les18 autres peuples. Le nombre des haſards19 qui mènent à l’inſtruction eſt plus borné pour elles. | L’île1 de Haïti2, qui a deux cents3 lieues de long sur soixante, et quelquefois quatre-vingts4 de large, est coupée dans toute sa largeur, de l’est à l’ouest, par une chaîne de montagnes, la plupart escarpées, qui en occupent le milieu. On la trouva partagée entre cinq nations fort nombreuses qui vivaient en paix. Elles avaient des rois nommés caciques, d’autant plus6 absolus qu’ils étaient7 fort aimés. Ces peuples étaient plus blancs que ceux des autres îles8. Ils se peignaient le corps. Les hommes étaient entièrement nus9. Les femmes portaient une sorte de jupe de coton qui ne passait pas le genou10. Les filles étaient nues comme les hommes. Ils vivaient de maïs11, de racines, de fruits et de coquillages. Sobres, légers, agiles, peu robustes, ils avaient de l’éloignement pour le travail. Ils coulaient leurs jours13 sans inquiétude14 et dans une douce indolence. Leur temps15 s’employait à danser, à jouer, à dormir. Ils montraient peu d’esprit, à ce que disent les Espagnols ; et en effet, des insulaires séparés des autres peuples ne devaient avoir que peu de lumières. Les sociétés isolées s’éclairent lentement, difficilement ; elles ne s’enrichissent d’aucune des découvertes que le temps17 et l’expérience font naître chez les18 autres peuples. Le nombre des hasards19 [228]qui mènent à l’instruction est plus borné pour elles. |